Médicaments

Il n’existe pas de médicament qui permette de guérir les tics mais seulement de les atténuer s’ils représentent une gêne conséquente. Vouloir les faire disparaître complètement implique, dans certains cas, l’absorption de doses particulièrement élevées, au prix d’inconvénients plus nombreux – sous forme d’effets secondaires – que de bénéfices obtenus pour la qualité de vie.

Les médicaments couramment utilisés ont besoin de plusieurs semaines pour déployer totalement leurs effets, alors que les effets secondaires, comme la somnolence, peuvent être marqués en début de traitement avant de s’atténuer. Il vaut donc la peine de se donner du temps avant de renoncer à un médicament, en augmentant les doses progressivement.

Le choix des médicaments pour le traitement du syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) est complexe et requiert les compétences d’un spécialiste. Le but de cette rubrique n’est pas de déterminer quel traitement vous ou votre enfant atteint d’un SGT devriez recevoir, mais de vous informer sur les classes de médicaments existantes; leurs avantages et leurs inconvénients ( sous forme d’effets secondaires les plus fréquemment observés). Toutefois ces informations ne sont pas suffisantes pour peser les avantages et les inconvénients d’une substance en vue d’opérer un choix de traitement !

20151122 site tourette-médicamentsA noter l’existence d’un site avec des informations sur tous les médicaments disponibles en Suisse : Compendium Suisse des Médicaments. Il donne des informations détaillées destinées aux patients (colonne de droite, correspondant à la notice se trouvant dans l’emballage), et aux professionnels (colonne de gauche). La liste des effets secondaires qui y figure est souvent longue et décourageante. Il faut relever que ces notices sont rédigées par les entreprises pharmaceutiques avant d’être approuvées par les autorités compétentes. Ces entreprises y mentionnent tous les effets secondaires envisageables même s’ils n’ont pas été démontrés, afin de se prémunir contre d’éventuelles actions en justice.

Précisions concernant les substances (ou principes actifs)

Pour une meilleure compréhension de ce qui suit, précisons que chaque substance (ou « principe actif « ) a un nom international unique, s’écrivant en lettres minuscules. Les médicaments contenant le même principe actif ont un « nom de spécialité » débutant par une majuscule et se terminant par le sigle ®; ce nom pouvant varier en fonction du pays de vente et en fonction de l’entreprise qui fabrique le médicament. Par exemple, Panadol® et Dafalgan® sont deux noms de spécialités correspondant au même principe actif, le paracétamol. Le Dafalgan® est un des nombreux génériques du Panadol®, fabriqué une fois que le brevet de ce dernier est arrivé à échéance. Il est vendu à un prix nettement inférieur. Une classe de médicaments comprend des principes actifs différents mais apparentés, ayant un mécanisme d’action proche.
Certains médicaments non disponibles en Suisse peuvent être obtenus auprès de pharmacies internationales mais ne sont pas remboursés par l’assurance maladie de base.

Les médicaments les plus couramment utilisés pour traiter le SGT

LES NEUROLEPTIQUES (ou antipsychotiques)
Les neuroleptiques sont des médicaments qui diminuent l’action de la dopamine; cette dernière étant un des neurotransmetteurs (substances qui permet de transmettre l’influx nerveux de neurones à neurones) impliqués dans le SGT. Les effets secondaires sont la somnolence, la prise de poids, des raideurs musculaires, une sensation de ne pas tenir en place (acathisie), et des dyskinésies tardives (lors d’utilisation très prolongée, mouvements involontaires et rythmiques du visage, de la bouche et des mâchoires).

Les mieux étudiés pour le traitement du SGT sont:
– Haldol® (halopéridol),
– Orap® (pimozide, n’est plus disponible en Suisse),
– Risperdal® (rispéridone),
– Zyprexa® (olanzapine).

  • Haldol® réduit beaucoup les tics, mais présente très souvent des effets secondaires. Selon une étude, Orap® est plus efficace et mieux supporté que Haldol®, mais nécessite des contrôles par électrocardiogrammes en raison du risque de troubles du rythme cardiaque.
  • Tiapridal® (tiapride) est également utilisé en Europe, préféré aux deux médicaments précédents pour le traitement des enfants, mais son efficacité a moins bien été étudiée.
  • Risperdal® et Zyprexa® sont des neuroleptiques atypiques (plus récents, avec un mécanisme d’action légèrement différent, avec moins d’effets secondaires). Risperdal® est mieux toléré que Haldol®, et n’entraîne habituellement pas de dyskinésies tardives à des doses n’excédant pas 6 mg/jour. Une étude récente a montré une meilleure efficacité de Risperdal® par rapport à Orap® sur la diminution des tics, mais une prise pondérale plus importante. Zyprexa® a très peu d’effets secondaires, le principal étant la prise de poids, qui peut être encore plus marquée qu’avec Risperdal®.
  • Seroquel® (quétiapine) semble bénéfique avec peu d’effets secondaires, avec moins de risques en cas d’épilepsie, mais il a mal été étudié dans le contexte du SGT.
  • Tétrabénazine (non disponible en Suisse) est aussi un médicament agissant sur la dopamine, par un mécanisme différent que les neuroleptiques. Il est très efficace pour le contrôle des tics, mais peut causer des effets dépressifs et certains symptômes de la maladie de Parkinson (sans entraîner cette maladie).
  • Permax® (pergolide) augmente l’action de la dopamine lorsqu’il est utilisé à doses élevées; par exemple pour le traitement de la maladie de Parkinson. A très faible dose, il semble diminuer l’action de la dopamine et atténue les tics tout en étant très bien toléré.
  • Catapresan® (clonidine) est à la base un médicament destiné à faire baisser la pression artérielle, en agissant sur d’autres neurotransmetteurs que la dopamine. Il peut être également être utilisé comme premier choix pour le traitement du SGT. Il peut améliorer aussi bien les tics que le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité, sans avoir les effets secondaires des neuroleptiques (hormis la somnolence), ce qui est appréciable pour le traitement des enfants.

LES BENZODIAZÉPINES
Les médicaments de la classe des benzodiazépines (généralement utilisés pour traiter l’anxiété, l’insomnie ou l’épilepsie) diminuent parfois la sévérité des tics.

Rivotril® (clonazépam) est mieux toléré que les neuroleptiques, mais moins efficace. Les effets secondaires incluent la somnolence, la prise pondérale et la péjoration du déficit de l’attention chez les enfants qui ont également ce trouble.

Des injections de Botox® (toxine botulique) directement dans les muscles concernés peuvent améliorer certains tics moteurs simples du visage et de la nuque, pendant les 3 mois qui suivent l’injection. Cette technique a également été évaluée avec succès pour quelques cas de tics vocaux.

Liorésal® (baclofène) relâche la musculature en agissant au niveau de la moëlle épinière. Ce traitement peut diminuer l’intensité des tics, dans certains cas.

Pour le traitement du TOC, certains antidépresseurs sont utiles.

Pour le traitement du trouble déficit de l’attention/hyperactivité, les stimulants tels que Ritaline®/Concerta® (méthylphénidate) sont les plus efficaces, conjointement aux interventions comportementales à l’école et à la maison. Bien que les stimulants puissent déclancher des tics, ils ne sont pas clairement contre-indiqués chez les enfants présentant des tics.